Je sors une truite d'au moins cent vingt kilos… (RENAUD)
Un dimanche après midi à Port aux français, Francis le chef de la cuisine et moi, avec une canne à pèche chacun sur le bord de la rivière du château, il n’y a là rien d’exceptionnel. Il fait encore froid, mais le jour est clair, la luminosité est excellente « c’est un bon jour pour tenter de trouver quelques truites …» me lance Francis.
On prend la célèbre route 66, direction la météo, puis le CNES et enfin Fusov (bâtiment ancien). On abandonne la voiture pour quelques heures. Sac à dos sur les épaules on se dirige vers le mont Bungay,
point remarquable de la péninsule Courbet. On marche sur de l’acéna, plante endémique de Kerguelen, gorgée d’eau et qui recouvre pratiquement toute l’île. On s’enfonce parfois jusqu’aux chevilles puis jusqu’aux mollets, jamais plus haut pour cette fois. La progression est difficile, il faut tirer sur les jambes et les muscles des cuisses travaillent bien.
Au bord de la rivière, Francis, le professionnel, me montre comment lancer et surtout comment remonter la cuillère.
Quelques essais, je suis prêt. Un dernier conseil de Francis sur la vitesse de rotation du moulinet. Important, cette vitesse va déterminer le nombre de prises que je vais faire. Enfin, je tente de m’en persuader.
Le premier endroit n’est pas très concluant, une petite touche pour mon compagnon de sortie, rien pour moi. On décide de changer de place. « Là, tu vois, au gros caillou en face, là ça prend souvent » me dit Francis. Je n’ai pas le droit de manquer mon coup. Une, deux remontées et une touche, je ferre et remonte une truite de 35 cm seulement. Trop petite, on a pitié, on la rejette à l’eau immédiatement. Je relance aussitôt et… certains diront que c’est la chance du débutant mais au bout de la ligne un poisson de plus de 4 kg
(Exactement 4.5 kg pour 67 cm). Je suis très fier de moi et qu’importe le reste, je ne rentrerai pas bredouille et n’aurai pas besoin de mentir sur les milliers de touches et les centaines de décrochages successifs de truites d’au moins cent vingt kilos.
Un après midi en plein air, au bord d’une rivière, un dimanche au bout du monde, quel moment inoubliable. Je le dois à Francis, qui honorera sa 19èmemission à Kerguelen. MERCI Francis, merci l’ami.