A poil, tout le monde à poil !... (Pierre PERRET)
Un mois de mai riche en émotions, avec notre navigateur solitaire qui prend le large et qui nous donne de belles frayeurs (il est enfin arrivé à Fremantle, Port de PERTH, AUSTRALIE), mais aussi le départ de notre sympathique Bibou, Benjamin, parti remplacer au pied levé la Bib de CROZET, blessée au bras lors d'une manip. Un hivernage qui s'installe, avec le rythme qui baisse en même temps que la durée du jour et on laisse filer les nouvelles sur le blog. "Allons ! il faut se reprendre monsieur le Disker." Et bien d'accord, avec pour commencer un billet qui décoiffe...
Rien d'anormal, qu'il soit noir, blanc, jaune, on en a même vu des verts, des rouges et des oranges, le poil est ici un attribut particulier. Qu'il se porte ras, long, très long, dru ou naissant, il est présent et en devient une source de conversations, de défis, de paris quelquefois.
Ce n'est pas nouveau, depuis toujours les hivernants ont entretenu un lien étroit avec leur pilosité. En rasant les murs de l'escalier de Totoche et en parcourant les photos de missions qui coiffent les murs, on s'aperçoit que la pratique de la bouclette et du collier mal taillé font parties de la panoplie de l'hivernant.
Un célèbre participant à la ronde des hivernages répondant au doux prénom de Renaud, s'était déjà laissé envahir par une toison aussi épaisse que longue. Son retour au pays avait alors était accueilli pas des : « Oh ! Ah ! Et même des Gast, ma doué béniguet !.... » et quelques autres onomatopées toutes aussi admiratives qu’effrayées. Plusieurs générations après, la simple évocation du personnage en question entraîne chez les manchots papous, des réactions bizarres avec pour certains des rires à gorges déployées, tandis que d'autres se terrent certainement traumatisés par toutes ces extravagances capillaires.
Lorsqu'on questionne les protagonnistes, les commentaires sur cette pratique sont sans appels : « Parce que ! », d'autres sont plus pragmatiques : « Ben ça tient chaud pardi ! » ou plus scientifiques : « ça repose la peau, c'est évident », nous avons également les tenants des traditions : « c'était déjà comme ça à l'époque... », les indécis : « ben ch'ais pas moi, c'est machin qui m'a dit. », les gourmands : « ma femme adore ! », les précieux : « je me trouve tellement plus beau »... J'en oublie certainement mais on le voit, nous sommes en présence d'autant d'avis, que de cheveux balayés dans un salon de
coiffure.
Démêler toutes ces opinions défrisent le commun des mortels c'est pour cela que sans vouloir être rasoir et sans couper les cheveux en quatre, on le voit bien et disons le tout net : le poil ici c'est sacré !
Il faut d'ailleurs savoir lire les articles d'ethnologie écrits sur le sujet. La plupart de ces billets qui datent maintenant de plusieurs années paraissent forts exagérés, je dirais même « capillotractés ». Il paraîtrait que laisser pousser le poil évite de se crêper le chignon et seul un peigne fin pourrait classifier les différentes motivations permettant ainsi de brosser un portrait robot de l'hivernant Lambda. Yves DAVID, VSC de la Réserve Naturelle et surtout fils de qui vous savez (Jean-Louis, célèbre coiffeur), semble d'accord avec cette fine analyse de salon de coiffure. Analyse qui n'a d'ailleurs ni queue (de cheval), ni tête (de gondole de fers à friser).
Quant au Disker me direz vous, qu'en pense-t-il ?
Pour lui c'est très clair, dès le matin en sortant de sa couette et sans s'tresse, recoiffant sa moustache, il répond sans hésitation : « Pouce ! » ou plutôt.... « Pousse ! »