Trois petits tours et puis s’en vont… (comptine enfantine).
À 6h00 ce matin, un parfum inhabituel flotte sur la base. C’est très calme. On attend tous. Il n’est
pas loin. Il arrive, c’est sur. Mais qui donc ? Le Marion DUFRESNE bien sur.
Quelques signes tout de même, la grue qui se rapproche du quai, le camion de pompier qui navigue entre le quai et la Drop Zone (atterrissage hélicoptère), les gars qui prennent le petit déjeuner en se demandant à quelle heure précise, ils vont voir l’étrave du bateau…
Il est là, au mouillage. C’est vrai qu’il est beau ce bateau. Depuis deux bonnes heures j‘ai des contacts par VHF avec l’OPEA.
On règle les derniers détails. Après le repas et comme c’était convenu les premières rotations d’hélicoptère commencent. La première et c’est une habitude c’est celle de la dépêche postale et du Préfet. Je l’accueille et le conduit à la résidence. Pendant ce temps les autres campagnards débarquent par flot de 5 personnes par tour. Il en faudra 12 pour débarquer tout le monde.
Ensuite ce sera le tour des vivres pour tenir jusqu’à OP4. Tout le monde est réquisitionné sur base. On fait la chaîne, on range, on stocke et on déstocke pendant toute l’après-midi
Les zézettes (VHF portative) fonctionnent à plein régime) : « OPEA de DZ… Sécu d’OPEA…Disker de Flotille… Flotille j’écoute etc etc etc… ». Pas le
temps de s’ennuyer. Il faut que tout soit fait avant ce soir et que tout rentre dans les bonnes cases, les bons tiroirs. C’est seulement à la fin de la journée que l’on saura si tout a fonctionné.
Tout a fonctionné, malgré la météo, malgré le retard, malgré la méconnaissance des lieux de certains, malgré le chaland qui ne peut se mettre à couple à cause d’une houle trop forte, tout a fonctionné et c’est comme ça à (presque) chaque fois. Il aura fallu seulement deux jours, pour livrer la base, faire les maintenances relais VHF, alimenter les cabanes qu'elles soient IPEV ou TAAF. Hélicoptère + chaland c'est encore un cocktail gagnant.
Une OP ne peut se dérouler sans son pot d’accueil et là encore rien ne manque. Francis notre chef cuisto vénéré, avec son commis et le pâteux, nous ont préparé un punch avec des petits fours en apéritif, suivi d’un buffet de très haute volée. C’est bon et c’est beau. C’est le triomphe de la cuisine, ils sont applaudis par les 120 personnes réunis autour des grandes tables. Cyrille et Sébastien sont obligés de retenir Lova qui ne peut résister.
C'est déjà le départ. L'hélicoptère vient chercher ceux qui continuent vers Amsterdam. Les derniers à embarquer sont 4 hivernants Alice, l'ornitho, Sébastien le mécano flottille, remplacé par Jérôme qui est déjà venu à KERGUELEN sans jamais avoir hiverné, Jérôme l'EDK, remplacé par John un polynésien venu se confronter au froid, et Pierre-Emmanuel le médecin, remplacé par Jacques l'urgentiste. C'est chargé d'émotion et tout à l'heure on sera tous au port pétrolier pour saluer une dernière fois nos compagnons d'aventure. Le pilote de l'hélico nous régale d'une pirouette et d'un salut magistral en levant et baissant l'appareil, puis "gaz" et déjà il est sur le pont arrière du Marion DUFRESNE. "Salut à vous, continuez comme ça, ne changez rien, on se revoit bientôt...." L'ancre se lève, le bateau s'éloigne, la corne de brume sonne la fin de l'escale. Au loin un clairon s'époumone.
OP3 - 2013 réussie, au revoir, bon vent et à dans un mois pour OP4. Encore une mission accomplie pour la 64ème.