Aux sombres héros de l'amer... (NOIR DESIR)

Annonce à l'équipage : « Tous les membres de l'équipage doivent se rendre immédiatement à la passerelle, je répète : Tous les membres de l'équipage doivent se rendre immédiatement à la passerelle. Merci. ». Qu'est-ce qui se passe ? On va au renseignement.

A peine dix minutes après, le haut parleur par la voix de Patrice, l'OPEA crache : « Message de l'OPEA. Nous nous déroutons pour porter assistance à un bateau de pêche au large de …... Crozet. Nous serons sur lui dans 37 heures. Merci. »

Bateau en vue, il est 7h00 du matin. On voit son nom : El Shaddai, immatriculé à DURBAN. Il est ballotté par la houle, on imagine bien ce qu'il a du subir depuis ces dernières 72 heures. Sur le pont du MarDuf on s'affaire sur le pont arrière. On prépare les bouteilles de gaz comprimé qui doivent en principe aider à faire redémarrer les moteurs.

Les combinaisons sont enfilées, les casques vissés sur la tête, gants néoprène, matériel monté à bord du zodiac enfin 4 marins montent dans l'embarcation de secours. La grue élève le zodiac puis rapidement mais avec sécurité, le dépose sur l'eau. Le pilote met les moteurs en marche et puis gaz, il s'éloigne dans une mer formée (creux de 3 à 4 mètres) mais pas démontée. Les rescapés ont  eu de la chance. On a droit à une fenêtre météo favorable de quelques heures, il faut absolument en profiter

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De temps en temps le zodiac disparaît de la vue, plongeant dans un creux entre deux vagues plus hautes. Deux minutes plus tard nos marins montent sur le palangrier, c'est sportif dans cette mer et sous ces latitudes.

Un peu plus tard on apprend qu'un matelot est en hypothermie et qu'il faut le transférer sur le MarDuf. Bien enveloppé dans une coque rigide il est hissé à bord après son transfert toujours effectué par le Zod.

Voilà plus de deux heures que les marins sont à bord du bateau secouru, et toujours le bateau à la dérive et pas le moindre moteur en marche. J'espère que ça va arriver, sinon ce sera encore du retard supplémentaire.

16H00, 46°35 Sud 43°05 Est, de la fumée sort de la cheminée du El Shaddai, le radar tourne. On ne devrait pas trop tarder à partir, par contre le marin à bord du MarDuf va rester avec nous.  Tout le monde est sain et sauf et c'est bien ça le plus important. Bravo au commandant et à tout l'équipage du MarDuf pour les manœuvres et les secours.

17h20 le El Shaddai s'éloigne. Il repart en pêche, il réparera plus tard ce sont les bruits qui courent. Le quota n'est pas atteint et au prix du kilo de légines il y en a pour des millions d'euros.

On reprend notre route quelques instants plus tard. Kerguelen jeudi matin nous dit le commandant. On croise tous les doigts.